Un marché de plus en plus sélectif
Alors que Jacques Berger, le Président de l'AETCE, regrettait au vu des résultats de l'an dernier que "la sélectivité du marché touche aussi cette vente où les yearlings ne sont pas sélectionnés", Christophe Burlin constate aussi un marché de plus en plus sélectif. "Le contexte global est plus compliqué, dit-il. D’année en année, le marché devient de plus en plus difficile. Les bons papiers se vendent et ceux plus communs sont plus compliqués à vendre. C’est pourquoi on essaye de monter en gamme dans les papiers de nos poulinières et dans le choix des étalons en cherchant notamment à faire confiance à de jeunes reproducteurs." C'est le cas notamment de l'étalon-maison Ibra du Loisir (Booster Winner) qui a donné à son élevage son premier titre dans un Groupe I en remportant le Prix d'Essai-Étrier 3 Ans Finale en 2021 sous les couleurs de Jacques Cottel, avec lequel les "Burlin" collaborent en confiance depuis des années.
Pour répondre à cette sélectivité, les vendeurs peuvent aussi s'appuyer sur la présentation en vidéo des poulains. Une pratique qui ne cesse de se développer. Cette année, cette vidéo est disponible pour plus de la moitié des lots. "C’est un plus indéniable proposé aux acheteurs. À mes yeux, c’est indispensable, estime-t-il. Avec cet outil, les entraîneurs ont quelque chose à montrer à de potentiels investisseurs. Je veux dire par là qu'ils n'ont pas seulement une page de pedigree. Je suis proche de Loïc Lerenard par exemple. Je sais qu'il regarde toutes les vidéos avant de venir voir les yearlings."
"C’était une évidence de travailler avec mes parents et poursuivre ce qu’ils ont créé. J’avais envie de le perpétuer". (Christophe Burlin)
Une continuité familiale naturelle
Christophe Burlin ne s'est jamais interrogé sur le métier qu'il voulait faire. À Saint-Pierre-le-Moutier (Nièvre), où son père s'est installé à 33 ans en reprenant un élevage de bovins, son chemin était tout tracé au sein d'une exploitation qui n'a cessé de se développer. "La structure s’étend aujourd'hui sur 360 hectares avec un effectif de 200 bovins et un peu moins de 30 poulinières, décrit le trentenaire. C’était une évidence de travailler avec mes parents et poursuivre ce qu’ils ont créé. J’avais envie de le perpétuer. Je me suis mis aux chevaux petit à petit, j’étais plus aux bovins au départ où mon père m’a laissé faire. Ça me tient énormément à cœur de continuer ce que mes parents ont fait en étant partis de rien."
À lire aussi : Ventes de yearlings : zoom sur les nouveaux étalons
En 2012, la création de l'EARL du Loisir scelle officiellement l'association entre Christophe, diplôme d'inséminateur en poche, et ses parents. L'année suivante, la station d'étalons se développe avec l'insémination artificielle. "C'est l'année où le champion local Punchy a commencé à faire la monte. Ce passage nous a permis d’améliorer la gamme d’étalons que nous proposons aux éleveurs de la région, détaille-t-il. Nous sommes situés hors secteur des grandes régions d’étalonnage et d’élevage de trotteurs que sont la Normandie et la Mayenne. Pour autant, on s’en sort. Je pense que nous avons de très bonnes terres pour élever des chevaux." Et Christophe Burlin de citer Maitre Jacques (Rolling D'heripre), le dernier vainqueur du Prix Comte Pierre de Montesson - Critérium des Jeunes (Groupe I) et prochain protagoniste du Critérium des 3 Ans (Gr. I), le 13 septembre. "Il a été élevé chez nous. C’est que nous disons régulièrement à M. Cottel en souriant : "Les terres de la Nièvre ne sont pas mauvaises". C’est forcément une fierté. On a une bonne renommée qu’il faut maintenir. C’est un travail de longue haleine. Aujourd’hui, je bénéficie de tout le travail qui a été fait en amont depuis des années et des années par mon papa", confie le fils qui s'inscrit dans la même démarche.