Groupe 1 : un premier souvenir douloureux
En juin 2020, Jean-Philippe Monclin débute sous la selle, directement dans le Prix d’Essai (Gr.1), Hope On Victory (Booster Winner). Confiée à Benjamin Rochard, alors que celui-ci n’avait pas encore sa notoriété actuelle, la pouliche passe tout près de l’exploit. En tête à quelques mètres du but, elle prend le galop dans sa lutte avec Hudson Védaquais (Thorens Védaquais). L’entraîneur nous relate ce cauchemar : "Hope On Victory était une petite jument qui se donnait énormément et on avait tenté un pari qui a été presque réussi. Cela n’a vraiment pas été le plus beau jour de ma vie mais les courses sont faites ainsi. Il y a plein de gens avec un grand palmarès qui n’ont jamais eu la chance de gagner un Groupe 1. Dès lors, depuis dimanche, je me considère chanceux."
L’entraînement, fruit d’une dynamique vertueuse
L’entraînement est désormais le centre de gravité de la réussite de Jean-Philippe Monclin. De pilote seul en scène, il est désormais dans un rôle de chef d’orchestre et de meneur de jeu. La victoire dominicale de Geisha Speed devient, de ce point de vue, un titre qui crée du lien. L’entraineur la place dans le registre collectif : "C’est une satisfaction pour tout mon staff et une récompense pour la jument qui méritait une grande victoire. J’ajouterais aussi que c’est aussi une satisfaction personnelle."
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Une (première) victoire de Groupe 1 est toujours une forme d’aboutissement. Et résulte d’un amalgame de nombreux paramètres réunis. Jean-Philippe Monclin nous en fait sa propre liste : "J’ai une super équipe autour de moi, du maréchal aux vétos, avec tous mes employés. J’ai aussi maintenant la chance de commencer à toucher une gamme de chevaux qui tiennent la route. J’ai de bons clients qui me proposent des chevaux avec de très bonnes origines." Tout s’aligne donc dans la réussite de Jean-Philippe Monclin sous la forme d’une dynamique vertueuse méticuleusement préparée. Une formule que développe en d’autres mots le professionnel qui rappelle : "Les courses sont un métier de compétition et d’exposition. Plus ça va, mieux ça va. Moins ça, pire ça va."
Un entraîneur perfectionniste
Installé à Soulaire-et-Bourg, à proximité d’Angers, sur le domaine familial du Clairay, Jean-Philippe Monclin a pour voisin un haras de référence dans la région dans le domaine du galop, le haras de la Rousselière. Le trentenaire a grandi sur ces terres baignées par la Sarthe mais aussi sillonnées, non loin, par la Mayenne et le Loir. Son père Jean-Marie Monclin nous parle de l’acuité du fils, dans son rôle d’entraîneur : "Il est archi vigilant dans ses engagements. Il ne court pas beaucoup mais gagne une course sur quatre. Si un cheval ne l’emballe pas au travail, il ne le présente pas car il estime qu’il ne pourra pas courir avec une vraie chance. Ses chevaux sont endurcis. Il connaît parfaitement le site sur lequel il entraîne, il y a grandi. Il a aussi parfaitement conscience de ce qu’un cheval peut supporter ou pas en termes de charge de travail et d’effort. Il sait à quel moment les voyants s’allument sur le tableau de bord."
À l'appui de cette analyse, les statistiques du professionnel parlent pour lui, tout comme ses réussites actuelles avec ses 3 ans ou le fait d'avoir hissé KARLITO (Ready Cash) au rang de classique (3ème du Prix Ourasi, Gr.1).
Les statistiques d’entraîneur de Jean-Philippe Monclin
Année | courses | victoires | % vict. | % podiums
2024 | 38 | 10 | 26 % | 42 %
2023 | 291 | 60 | 21 % | 42 %
2022 | 166 | 36 | 22 % | 45 %
Dans la relation fils–père, nulle ambigüité. Jean-Marie Monclin n’intervient plus. Il croque dans sa vie de retraité à pleines dents, avec la satisfaction de la transmission accomplie. Et le fils de confirmer : "Je n’ai rien inventé par rapport à avant ou sinon à la marge. Par rapport à mon père, si j’ai une question, il est là, mais, au quotidien, je vole de mes propres ailes."