Aussi incroyable que cela puisse paraître, alors qu’il possède le plus beau palmarès du Centre-Est, Serge Peltier n’avait jamais encore remporté le Grand Prix du Conseil Municipal, à Vichy, le seul Groupe 2 de la fédération et surtout l’épreuve la plus convoitée de la saison dans la région. Comment dès lors ne pas voir comme un clin d’œil de l’histoire le fait qu’il y parvienne justement après avoir annoncé il y a déjà quelques mois qu’il mettrait un terme à la fin de l’année à sa carrière de pilote riche de plus de 2 000 victoires ? Harmony du Rabutin est venue réparer cette erreur de l’histoire de la carrière de Serge Peltier. Moins de vingt-quatre heures, disponible comme d’habitude, il a pris le temps de répondre aux questions de 24h le Mag, entre présent, passé et avenir.
Cette victoire de mardi dans le Grand Prix du Conseil Municipal à l’issue de laquelle vous étiez très ému, vous aurait-elle manqué si vous ne l’aviez remportée ?
Cela aurait été comme ça… Mais j’avoue que j’y ai pensé avant la course. Quand j’ai fait le heat de la jument, je l’ai trouvée tellement bien que je me suis dit : "Mon p’tit gars, c’est aujourd’hui ou jamais !". J’avais confiance en elle, mais je ne savais pas du tout comment faire. Guillaume (Huguet) m’a dit de faire comme je le sentais. Oui, il y aurait eu un manque quelque part de ne jamais remporter cette course que tout le monde ou presque pensait que j’avais déjà gagnée. Même Jean-Michel (Bazire) était étonné !
J’avoue que j’y ai pensé avant la course. Quand j’ai fait le heat de la jument, je l’ai trouvée tellement bien que je me suis dit : "Mon p’tit gars, c’est aujourd’hui ou jamais !". J’avais confiance en elle, mais je ne savais pas du tout comment faire.
S’il faut citer des chevaux qui ont marqué votre carrière, Gébrazac nous vient naturellement à l’esprit. Pour vous aussi ?
Oui bien sûr. Gébrazac (Sébrazac) a constitué un grand tournant dans ma carrière. Mais j’ai eu d’autres bons chevaux comme Jow du Vro (Quito de Talonay), Castel Valadour (Quidam Castelet) ou bien encore Phénix des Prés (Vasco) avant. Tous ces chevaux m’ont gagné une ribambelle de courses, notamment des grands prix régionaux. J’ai dû gagner douze ou treize fois le Grand Prix de Divonne-les-Bains par exemple. Je ne m’en rendais pas compte, mais on me l’a dit l’an dernier. La moitié au moins l’a été avec des chevaux de mon entraînement. Ce sont peut-être des détails mais c’est important.
Et si on vous demande de détacher une victoire sur les plus de 2.100 de votre palmarès. Laquelle serait-elle ?
Le Prix René Ballière de Gébrazac. J’ai passé la nuit dans Paris ! Le cheval est rentré avec son lad à l'écurie, mais avec les propriétaires on a fait Paris by night ! C’est un très grand souvenir. Le plus grand ? C’est en tout cas la plus belle épreuve que j’ai gagnée. C’est émouvant d’y repenser. Il y a deux ans, lors du gala des courses de la région à Lyon, la vidéo a été diffusée. J’en avais presque des sanglots de la revoir, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps. Je pense que c’est le cheval de ma vie en qualité pure même si j’ai aussi beaucoup aimé Castel Valadour qui a été éliminé d’un Prix d’Amérique à un cheval près !
Racontez-nous ça ?
Le cheval, qui a gagné ensuite le Prix de la Côte d’Azur à Cagnes-sur-Mer mais il commençait déjà à avoir mal à un boulet, était mieux cet hiver-là. Il avait gagné dans des temps canons sur des distances avoisinantes du Prix d’Amérique. J’ai d’autant plus de regrets qu’il y a eu un non-partant. Je fréquentais un peu Grosbois et j’avais entendu que le cheval en question était déjà douteux à la déclaration de partants. Ça reste le plus mauvais moment de ma carrière. Pour le propriétaire, pour moi, ça aurait été extraordinaire de courir le Prix d’Amérique. Mais bon c’est la vie… C’est un petit échec.
Mais vous avez couru plus tard le Prix d’Amérique avec Gébrazac, trois fois même.
Ça ne s’est jamais bien passé. Ce n’était pas une épreuve pour moi.
Avec votre expérience, quels conseils donneriez-vous à un jeune qui débute dans le métier ?
C’est difficile. Quand je me suis installé, j’ai acheté du matériel d’occasion pour ne pas faire trop de trous dans la caisse. Aujourd’hui, quand un jeune s’installe, il achète un camion neuf. La gestion n’est plus du tout la même qu’avant. Heureusement, certains réussissent. Le métier est plus dur. Il y a beaucoup plus de concurrence. Personnellement, je vois des professionnels traverser la France pour aller courir. Mais, si vous prenez une quatrième place, vous perdez de l’argent. Les frais sont supérieurs à l’allocation. Et puis aujourd’hui, la situation du PMU est inquiétante. Ça sent le roussi.
On vous sent inquiet, non ?
Une chose est certaine : si le PMU ne fait pas plus de chiffre d’affaires, les allocations vont baisser. L’excellent travail des équipes dirigeantes et de nos élus a permis de faire des économies. Mais, au bout d’un moment, il ne sera plus possible d’en faire. J’ai peur que les allocations soient revues à la baisse. Bravo d’avoir réussi à maintenir le niveau d’allocations cette année alors que les résultats du PMU dégringolent.
Vous vous êtes investi au moment de l’élection de Jean-Pierre Barjon en 2019 où vous êtes entrés au Comité de la SECF. Pourquoi ?
Je pensais qu’il fallait un homme comme lui pour rétablir la barre. Il l’a d’ailleurs tellement bien fait u’aujourd’hui on arrive encore à maintenir les allocations. J’ai siégé pendant quatre ans au Comité et j’ai fait trente ans de mandats au niveau régional. Et puis, j’en ai eu assez. Place aux jeunes ! Il faut qu’ils s’investissent.
Comment vont se passer les prochains mois ?
Cet été, on va faire les meetings d’Aix-les-Bains et de Divonne-les-Bains, puis Vichy en septembre, avant de finir par Lyon.
Redoutez-vous l’échéance de la fin d’année ?
Non, pas du tout ! C’est acté dans ma tête. Je ne vais pas changer d’avis maintenant. Ce n’est pas dans ma nature.