Entre tradition et novation, il n’y a qu’un pas. Les marquis de Cornulier, Gontran et Jean, sont à l’origine de la course qui porte leur nom et a traversé les âges, pour le bonheur de notre élevage et de la sélection sur laquelle il s’appuie. Vieux de près d’un siècle, le « Cornulier » n’a pas pris une ride, ayant toujours su vivre avec son temps et décliner la pertinence de son actualité toujours renouvelée.
Une pluridisciplinarité originelle et durable
Autre étalon phare de la seconde moitié du vingtième siècle, Kerjacques n’était pas vraiment un cheval monté, même s’il fut deuxième du Prix de Normandie, pour son unique essai sous la selle, dans la foulée de son succès dans le Critérium des 5 Ans. Mais son père n’était autre que Quinio, un vainqueur du Prix de Cornulier, auteur également de Masina, double lauréate de la course qui nous occupe, en 1961 et en 1962, tout en ayant à son palmarès un Prix d’Amérique, un Prix de France, un Prix de Paris, etc. Cela pour souligner la pluridisciplinarité originelle –et durable – du trotteur français.
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Le meilleur des continuateurs de Kerjacques, en l’espèce Chambon P, affichera cet éclectisme, gagnant au plus haut niveau attelé (Critérium des Jeunes) et monté (Saint-Léger des Trotteurs). Tous deux seront, comme en binôme, des étalons de première grandeur, têtes de liste des pères de vainqueurs pendant vingt ans, de 1970 à 1990, le fils (1981-1990) dans les pas du père (1970-1980). Kerjacques signera quatre victoires dans le Prix de Cornulier par produits interposés, via Cette Histoire (1974), Fanacques (1977, 1979) et Gamélia (1980). La lignée mâle de Kerjacques, présentement, c’est, entre autres, le double vainqueur de Critérium, Josh Power, prétendant à un Prix d’Amérique Legend Race que son père, Offshore Dream, a remporté à deux reprises et dont le propre auteur, Rêve d’Udon, est un lauréat du Prix de Cornulier (aux dépens de Reine du Corta, en 1989). Comme le monde est petit !
La lignée mâle de Kerjacques, présentement, c’est, entre autres, le double vainqueur de Critérium, Josh Power, prétendant à un Prix d’Amérique Legend Race que son père, Offshore Dream, a remporté à deux reprises et dont le propre auteur, Rêve d’Udon, est un lauréat du Prix de Cornulier
Le « Cornulier » d’hier, au carrefour de la modernité
Ces dernières années, le Prix de Cornulier a été remporté par des sujets issus de lignées mâles standardbreds, incarnées par Blue Dream (Bellissima France), Ready Cash (Traders, Flamme du Goutier), Niky (Bilibili), Scipion du Goutier (Bahia Quesnot) ou encore Quido du Goutier (Esperanza Idole). La preuve en est qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre ce qu’il est convenu d’appeler le jeune sang américain et l’aptitude au trot monté. Surtout depuis l’avènement de la monte en avant, qui favorise l’alchimie. De la sorte, le « Cornulier » d’hier reste parfaitement d’actualité. Il est même au carrefour de la modernité, entre influences françaises et américaines, occasion d’un trait d’union entre deux modes d’élevage et de sélection.
Les Cornulier, une grande famille du trot
Les Cornulier furent éleveurs et agriculteurs, de pères en fils. Né en 1825, Gontran de Cornulier fit partie de ce petit groupe d’hommes de bonne volonté qui, en 1864, à Caen, créa la « Société d’Encouragement pour l’Amélioration du Cheval Français de Demi-Sang ». Si le marquis de Croix en fut le premier président, Gontran de Cornulier lui succéda, en 1871, et resta à ce poste jusqu’à sa mort, en 1898. La famille n’en avait pas fini avec les responsabilités institutionnelles, puisque Jean de Cornulier, le petit-fils, de Gontran, devint, à son tour, président du Trot en 1928, prenant alors la suite de Doynel de Saint-Quentin et d’Emile Riotteau. Comme son grand-père, il le demeura jusqu’à son décès, en 1935. C’est donc à une grande famille, tout entière dévouée à la cause du trot, que le Prix de Cornulier rend hommage.
Le Prix de Cornulier est même au carrefour de la modernité, entre influences françaises et américaines, occasion d’un trait d’union entre deux modes d’élevage et de sélection
Gazelle de Val et son point commun avec Fandango
Gazelle de Val (Viking de Val) se présentera tout bonnement invaincue sous la selle au départ de l’édition 2025 du Prix de Cornulier. La fille de Viking de Val n’a, en effet, jamais été battue, en sept sorties dans la discipline, depuis les débuts qu’elle y a effectués, sur l’hippodrome de Lisieux, au printemps dernier, jusqu’au Prix du Calvados-Cornulier Races Q3, à Vincennes, voilà deux semaines. Son palmarès sera-t-il encore vierge de défaite dimanche soir ? Là est la question.
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Le grand précédent, en la matière, c’est Fandango. Mais lui avait 4 ans, lorsqu’il arriva, alignant les victoires, sur le Prix de Cornulier, tandis que Gazelle de Val a 9 ans, étant venue sur le tard au trot monté. Les deux profils ne sont donc pas vraiment comparables. Et puis Fandango poussa le bouchon très loin, si l’on nous autorise l’expression, car il alla jusqu’à signer trente-huit succès consécutifs dans sa discipline d’élection (sic !), parmi lesquels deux Prix de Cornulier, le Prix de Vincennes, le Prix du Président de la République, le Prix de Normandie, trois Prix des Elites, deux Prix des Centaures… Pendant plus de deux ans et demi, du mois de février de ses 3 ans au mois de septembre de ses 5 ans, jamais il ne fut devancé dans la spécialité du trot monté. Historique !