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Ina du Rib, la tradition sous un filtre moderne | LETROT
PORTRAIT

Ina du Rib, la tradition sous un filtre moderne

04/02/2025 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Elle est un peu comme ces grands films classiques en noir et blanc que la technologie moderne a su coloriser, comme pour mieux percevoir l'esprit et les saveurs d'antan. Ina du Rib (Uhlan du Val) a en elle cette tradition chevillée au corps de son éleveur-propriétaire-entraîneur Joël Hallais et la modernité du 21ème siècle empreinte de vitesse. Résultat, la voici désormais triple lauréate de Groupe I et détentrice de deux records, a priori antinomiques de Vincennes, ceux des 2.175m et des 3.000m de la Grande Piste. Elle sera même la dernière de l'histoire à le faire.
Ina du Rib Ina du Rib - ©Scoopdyga
Jean-Loïc Dersoir Jean-Loïc Dersoir - ©Scoopdyga

Jean-Loïc Dersoir défie le temps

Tout autant qu’Ina du Rib, son jockey Jean-Loïc Dersoir est un homme unique dans le paysage du trot tricolore. Trente-deux ans après avoir remporté à la fois son premier Prix de Cornulier et son premier Groupe I en selle sur Tout Bon (Levorino), alors qu’il avait été sacré meilleur apprenti l’année précédente à 19 ans, le Normand est toujours aussi compétitif au plus haut niveau. Il l’a encore prouvé dimanche en remportant le Prix de l’Île-de-France, son dix-neuvième Groupe I dans la spécialité, le vingt-quatrième de sa carrière. Sur ses dix dernières montes à ce niveau, Jean-Loïc Dersoir n’a pas fait l’arrivée une fois seulement. Sinon, il est systématiquement rentré aux balances, s'imposant à trois reprises et finissant deux autres fois sur le podium.


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Des statistiques qui forcent le respect comme le personnage. Cette compétitivité est évidemment liée, mais c’est vrai pour tous les jockeys, à la qualité des chevaux auxquels il est associé. De ce côté-là, tant avec les pensionnaires de son beau-père Hirondelle du Rib (Rolling D'heripre) qu’Ina du Rib, il est gâté toutes ces dernières années et c’est d’ailleurs ce qui le pousse à continuer de monter alors qu’il a fêté ses 52 ans en novembre dernier, quand d'autres ont choisi de stopper leur carrière, ayant trouvé sa propre position à cheval avec l'évolution de la manière de monter. "Chacun se fait sa propre position et fait en fonction de son physique et de ses possibilités", disait-il ainsi à notre confrère de ParisTurf à la veille du Prix de l'Île-de-France.

"Quand on est jeune, on savoure ces victoires de Groupe I, mais on ne se rend pas trop compte. Arrivé à un certain âge et lorsque l’on ne monte plus beaucoup, on comprend beaucoup plus l’ampleur que cela a." (Jean-Loïc Dersoir)

Ces derniers temps, Yoann Lebourgeois, depuis l’été 2023 (à 38 ans) et David Thomain, au mois de mars suivant (à 35 ans), ont ainsi raccroché leurs bottes, alors qu’Éric Raffin a confié avoir pensé arrêter aussi sa carrière de jockey en cas de victoire de Joumba de Guez (Carat Williams) dans le Prix de Cornulier avant d'écouter la volonté de ses enfants de le voir continuer à monter.


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C'est que la monte en avant, qualifiée encore de "nouvelle monte" une vingtaine d'années après son adoption par l'ensemble des pelotons, est beaucoup, beaucoup plus exigeante physiquement. Elle l'est sûrement encore davantage quand on ne monte plus aussi souvent que par le passé comme c'est le cas de Jean-Loïc Dersoir. Imaginez qu'entre ses deux dernières victoires de Groupe I, se sont écoulés plus de 410 jours durant lesquels il n'a monté que 38 fois... C'est dire sa force de caractère pour continuer à se maintenir au top à un poids de forme de 58 kilos et donc à monter à 65 kilos sans aucune difficulté même s'il confie : "Je n'ai pas besoin de faire trop attention à mon poids et même si je ne suis plus aussi régulièrement en selle que par le passé, je pallie cela par le footing, ce qui me permet de rester en condition".

Alors qu'il laisse volontairement de plus en plus sa place en course à ses filles, Clara et Léa, sur ses chevaux afin de former celles qui vont assurer la relève au sein de la famille, Jean-Loïc Dersoir incarne parfaitement la transmission entre tradition et modernité chez nos jockeys.


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