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Jérémy Van Eeckhaute : "J’espère marcher dans les pas de mon père" | LETROT
Interview

Jérémy Van Eeckhaute : "J’espère marcher dans les pas de mon père"

20/06/2025 - PORTRAITS - 24H au Trot
Il était adolescent quand son père, Joël, a remporté deux Prix de Normandie en l’espace de cinq ans avec Grâce Ducal et Lazio du Bourg. Deux victoires restées gravées dans sa mémoire. Dimanche, Jérémy Van Eeckhaute (37 ans) va tenter d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire qui lie sa famille avec ce Groupe I qui est depuis trois ans l’Étrier 5 Ans Finale. Pour cela, il compte sur Kapaula de l’Epine, une jument qui fait partie des valeurs sûres de sa génération. Le moment serait d’autant mieux venu que Jérémy, dit Gaston en référence à son deuxième prénom, se remet d’une chute survenue fin avril qui a entraîné la fracture d'une vertèbre et a fait craindre le pire, avec un risque que la moelle épinière ne soit touchée. Pendant sa convalescence, il peut compter plus que jamais sur le soutien de son père pour former un tandem gagnant.
Jérémy Van Eeckhaute Jérémy Van Eeckhaute - © ScoopDyga
Jérémy Van Eeckhaute - Joël Van Eeckhaute Jérémy Van Eeckhaute (à gauche) et son père Joël (à droite) réunis à Vincennes
Bio express
→ 37 ans
→ Entraîneur depuis 2009 (installé à Grosbois)
→ 116 victoires en tant qu’entraîneur 2 Groupes II (avec Kapaula de l’Epine) | 1 Groupe III (avec Baron Du Bourg)
→ 142 victoires comme driver


Depuis sa participation au Prix d’Essai-Étrier 3 Ans Finale il y a deux ans, comment la jument a-t-elle évolué ?
À cette époque, elle était encore assez susceptible et avait galopé dès les premiers mètres. L’an dernier, dans le Prix du Président de la République, elle avait été un peu trop généreuse. J’avais fait l’impasse sur le dernier préparatoire après avoir été deuxième deux fois et elle était trop fraîche le jour J. Elle en avait trop fait et avait marqué le coup pour finir. Depuis, avant les Groupes I qu’elle a courus, que ce soit le Prix des Élites (cinquième), le Prix Jag de Bellouet (deuxième) et les "Centaures" (troisième) on l’a présentée dans les dernières préparatoires. C’est une génération ouverte. "Kapaula" est peut-être un peu inférieure à deux ou trois rivaux, mais elle répond présent.

Depuis le "Président", elle a pris quatre deuxièmes places et deux troisièmes places. C’est une jument qui se donne à fond. Ce n’est pas anodin d’être toujours là alors qu’elle a commencé à courir les Groupes montés au printemps de ses 3 ans. Elle est capable de répéter ses efforts.

Avoir une jument qui court Groupe I pendant votre convalescence doit aider, non ?
D’avoir une jument comme elle tout court pour une écurie comme la mienne. Après m’avoir sorti la tête de l’eau, elle me permet maintenant de voir l’avenir un peu plus sereinement. D’un point de vue sportif, avoir un élément qui court régulièrement à ce niveau entraîne toute l’écurie vers le haut. Et puis, avec ce que je viens de vivre, il n’y a plus de pression. Cela fait relativiser. Il y a plus important que les courses. Quand je serai de nouveau opérationnel, il faudra commencer à travailler pour trouver la relève.

L’histoire qui lie le Prix de Normandie à la famille Van Eeckhaute est importante avec les victoires de Grâce Ducal en 1999 et Lazio du Bourg en 2004 sous l’entraînement de votre papa Joël.
C’est sûr ! Mon père montait lui-même Grace Ducal (Ultra Ducal), alors que c’est Philippe Masschaele qui a gagné avec Lazio du Bourg (Tadzio De La Motte). L’année où "Grâce" a gagné, j’avais 12 ans. J’étais jeune et je ne me rendais pas encore compte de tout le travail nécessaire pour parvenir à gagner une telle course. Cinq ans plus tard, j’étais déjà plus impliqué et je commençais à mieux mesurer. C’est encore plus vrai depuis que je suis à mon compte. Ça fait partie des plus belles émotions que nous avons connues avec les participations au Prix d’Amérique et au Prix de Cornulier. C’est marquant. Mon père a toujours été mon modèle. J’espère marcher dans ses pas.

Grâce Ducal Le succès de Grâce Ducal dans le Prix de Normandie - © Aprh

L’œil bienveillant et le savoir-faire du père

Deux décennies plus tard, les victoires dans le Prix de Normandie pour la casaque de Janny Adam de Grâce Ducal en 1999 et Lazio du Bourg en 2004 deux ans après son Critérium des 3 Ans restent de très grands souvenirs pour la famille Van Eeckhaute. "Cela marque évidemment, confirme Joël Van Eeckhaute qui les entraînait et était le jockey de la première citée, mais c’est aussi l’ensemble de leur carrière que je retiens, car ces deux juments m’ont permis de courir plusieurs Prix d’Amérique et de Cornulier." S’il a cessé d’entraîner sous son nom à la fin de l’année 2023, Joël Van Eeckhaute n’en reste pas moins toujours impliqué dans la vie de l’écurie de son fils, sortant trois lots au quotidien. Depuis l’accident de Jérémy, la cadence est plus soutenue. "On a passé quelques heures d’inquiétude, revient-il. J’étais déjà présent tous les matins, j’ai juste un peu plus de chevaux à travailler." Avec une mission particulière : la préparation de Kapaula de l’Epine pour ce Prix de Normandie-Étrier 5 Ans Finale qu’il connaît si bien. "Je pense que la jument est bien, confie-t-il. La concurrence est rude, mais on a tout fait pour qu’elle soit à son summum dimanche. Elle est parfaite. Elle a très bien travaillé lundi matin, à l’attelé comme toujours. Après un heat d’échauffement, elle a fait deux fois 2.200 mètres en montant en progression sur la grande piste. La semaine dernière, elle a fait du fractionné. Son dernier travail consistera à faire plusieurs grandes lignes droites. Mon expérience m’a permis de préparer mes chevaux pour ce type de course et je suis parti sur la même optique. À la différence que je préparais mes chevaux à la campagne et non à Grosbois comme aujourd’hui. Mais les pistes de Grosbois sont encore plus satisfaisantes pour préparer de telles courses." Malgré les circonstances, l’ambiance est tout de même positive car les résultats sont au rendez-vous. "On a gagné pas mal de courses. Jérémy ne me le dit pas mais, pour son moral, cela doit lui faire du bien. Il doit se sentir rassuré que je sois là", espère le papa.

Un autre tandem à travers le temps
Les Van Eeckhaute fils et père forment naturellement un tandem à travers le temps. Lors de cette Journée des Champions, il en est un autre qui se connaît depuis de très nombreuses années. C’est celui formé par Christophe Clin et Alexandre Buisson qui sont associés sur Mhum Flyng (Helgafell) et Malice Caillerie (Carat Williams), tous deux au départ du Prix d’Essai-Étrier 3 Ans Finale sous l’entraînement du premier. L’amitié qui les lie remonte à leurs années de jeunes adolescents sur le campus de l’école de Graignes. De 1997 à 2002, soit pendant cinq années scolaires, Christophe Clin et Alexandre Buisson ont en effet suivi la même formation, de la classe de 4ème au BEPA sur deux ans en étant toujours dans la même classe. Chacun a volé ensuite de ses propres ailes et sont tous les deux installés avec la réussite que l’on sait. Cette amitié se concrétise aussi par des associations dont Malice Caillerie et Mhum Flyng sont les meilleurs ambassadeurs après leur achat aux ventes par Alexandre Buisson : la première yearling sur le ring d’Arqana Trot à Deauville pour 8.000 € et le second pour 7.000 € à la Vente d’Automne 2023 de la même agence de ventes. Ils sont arrivés dans les boxes de Christophe Clin avant leur qualification après avoir été façonnés par Alexandre Buisson, car leur avenir était déjà tracé sous la selle, spécialité plus dans le registre du natif de Carentan.

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