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Les ventes de yearlings : à chacun son option
29/08/2025 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Dans toutes les places –Deauville, Caen, Vichy–, les ventes de yearlings battent leur plein, à compter de ce jour. En un mois, environ, plus de 1.400 sujets sont proposés à la dispersion et à la sagacité des découvreurs de talent que sont les acheteurs de ces compétiteurs en puissance, ayant encore tout à prouver, mais dont le potentiel peut être discerné au travers du regard que l’on porte sur eux. Un regard concret, bien sûr, physiquement parlant, mais aussi plus abstrait ou, du moins, plus théorique, tenant compte des données fournies par leur profil génétique. Reste qu’il ne faut pas se tromper de finalité, car, par essence, les perspectives d’un acheteur de yearlings diffèrent selon les cas, ne serait-ce que parce que, faiseur de rêve, il ne veut pas forcément faire le même que celui de son voisin.
En pensant à l’élevage : il n’est jamais trop tôt pour bien faire !
A l’autre bout de la chaîne des acheteurs de yearlings, il y a ceux qui voient beaucoup plus loin et qui, déjà, pensent à l’élevage. Il n’est jamais trop tôt pour bien faire ! Ceux-là sont en quête de femelles, dans le but d’en faire des poulinières. Chaque année, les opportunités ne manquent pas dans les catalogues de yearlings, en particulier dans celui de Deauville, riche en pedigrees de grand standing. Deux options s’offrent alors aux acquéreurs potentiels : celle de tabler sur des « papiers » complètement au goût du jour, s’appuyant sur les croisements les plus en vue du moment et présentant donc de durables garanties – les combinaisons Ready Cash-Love You-Goetmals Wood, par exemple, ou encore l’inbreeding sur les matrones « Dubois »–, ou bien celle d’essayer de sortir des sentiers battus et de se donner la possibilité, le temps venu, de disposer d’un pedigree ouvert, à l’abri de trop nombreuses concentrations de sang, et, de la sorte, plus facile à croiser. Les disponibilités sont plus grandes dans la première catégorie, mais n’est-il pas préférable, dans le long terme, de tenter de dénicher l’oiseau rare dans la seconde ?
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Les acheteurs de champions… et d’étalons
Au milieu de la chaîne, il y a –et c’est celui qui générera les plus fortes enchères– l’acheteur de chevaux de Critériums ou de leurs équivalents montés. Autrement dit, celui qui veut faire tomber dans son escarcelle les futurs champions. Il va de soi que cela implique un gros budget, voire la capacité à le dépasser en cas de nécessité absolue. Ceux qui se sont battus pour avoir Nodessa Josselyn –finalement adjugée 740.000 euros–, l’an dernier, en savent quelque chose. Pour ce type d’acheteurs, le but est non seulement d’avoir un champion en compétition, mais d’en avoir les retombées positives à la reproduction. Les mâles sont, le plus souvent, l’objet de leurs convoitises, avec, possiblement, une carrière d’étalon à la clef, mais, à la limite, le risque pris avec une femelle est moins grand, dans la mesure où, même en cas de déception sur la piste, la valeur de poulinière, au contraire de celle d’étalon, demeure effective. L’avènement d’un Mack de Blary, cette année, incarne la réussite d’un investissement de cette nature, jusque dans sa récente victoire, toute symbolique, dans la Yearling Cup (Groupe III). Adjugé 192.000 euros, à Deauville, en 2023, le fils de Face Time Bourbon, issu d’une propre sœur de la classique sous la selle Flicka De Blary, prétend, maintenant, au Critérium des 3 Ans, après s’être classé troisième de celui des Jeunes. L’avenir appartient, à l’évidence, à ce représentant de Philippe Beauvisage et associés, y compris au haras.
Pour le plaisir… et plus, si affinités !
La chaîne ne comporterait pas tous ses maillons si n’y figuraient pas les « acquisitions plaisir », telles qu’on pourrait les appeler. C’est-à-dire celles motivées par le plaisir d’aller aux courses avec des chevaux au meilleur rapport qualité-prix et ayant, potentiellement, le plus de chances d’y aller. L’attention des acheteurs en question sera ainsi retenue, prioritairement, par les produits d’étalons dont les services sont facturés à des tarifs n’excédant pas un certain seuil et dont le taux de qualifiés est favorablement constaté. Nous sommes là dans la gamme dite du « raisonnable », laquelle n’exclut pas l’efficacité, bien au contraire. A titre d’exemple, cette année, parmi les étalons à la saillie évoluant dans une tranche de prix inférieure à 4.000 euros, les meilleurs pourcentages de qualifiés, au sein des « N », vont, renseignements pris, à Inoui Danica, à 30,7 %, à Excellent, à 28,5 %, et à Ideal Ligneries, à 27,2 %, ou encore, chez les « M », à un quatuor composé d’Un Charme Fou (59,7 %), Very Nice Marceaux (51,2 %), Cristal Money (50,7 %) et Fairplay D'urzy (50 %). Une piste, parmi d’autres, pour débusquer un sujet à un prix abordable, appelé à faire statistiquement carrière, considérant que la qualification est la première et impérieuse étape sur la voie qui mène à la compétition. Dans l’esprit, voire à la lettre, la démarche est celle, notoirement, des aficionados des ventes de Caen, qui, ce faisant, trouvent aisément leur bonheur lors de ces vacations, avec des sujets tantôt attendus, aux carrières denses et longues, tantôt précoces et vite rentabilisés, y compris, dans les deux cas, au plus haut niveau, jusqu’au royal aboutissement d’un Idao De Tillard.
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Les coups de cœur : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi… »
Il y a également les achats « coup de cœur », ceux qui ne sont pas réfléchis, mais reposent sur un coup de foudre, le jour de la vente. Un port de tête, un regard, une attitude, une démarche, une élégance naturelle, une distinction particulière… Dans tout achat de yearling, il y a une part subjective, plus ou moins grande, mais qui peut, quelquefois, prendre le dessus. Au-delà de tout critère objectif, c’est alors la rencontre entre l’homme et l’animal qui prime : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi… », selon le mot de l’écrivain.
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