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Soleil levant sur la Mayenne des Chavatte père et fils | LETROT
Reportage

Soleil levant sur la Mayenne des Chavatte père et fils

28/02/2025 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Quelques semaines après avoir bouclé un exercice 2024 record avec 88 gagnants et plus de 1,8 million d'euros d’allocations, l’écurie des Chavatte père (Alain) et fils (Arnaud) pourrait connaître une nouvelle étape dans son ascension, samedi, lors de la clôture du meeting d’hiver de Vincennes. Les ambitions de Jabalpur sont en effet élevées au départ du Prix de Sélection-Prix Face Time Bourbon, l’un des trois Groupes I à l’affiche. Pour l'écurie Chavatte, dont c'est le cinquième partant à ce niveau, cette opportunité a tout du meilleur moment pour asseoir encore un peu davantage sa place sur la scène nationale. À 48 heures de cette échéance, reportage au cœur de l'écurie mayennaise.
Travail sur la ligne droite - © P. Lefaucheux/PC Travail sur la ligne droite - © P. Lefaucheux/PC

Calme et sérénité

De la matinée, on n'entendra pas un seul éclat de voix. Tout est fait dans le calme. Tout respire la sérénité. Chaque membre de l'équipe sait exactement ce qu'il a à faire. La qualité de l'outil de travail n'est certainement pas étrangère à cette ambiance, tout comme la personnalité d'Alain et Arnaud Chavatte.

Cette qualité n'est pas non plus étrangère à l'évolution des résultats de l'écurie qui fait partie du top 20 national de l'an dernier. Depuis leur installation en Mayenne, les Chavatte sont passés d'une moyenne annuelle d'une vingtaine de gagnants lors des dix précédentes saisons dans leur Picardie natale à une moyenne d'une grosse quarantaine sur les dix dernières années ! Un chiffre qui pourrait être encore supérieur si l'écurie n'avait pas été touché par la rhino en 2017.


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Les deux pistes, l'une classique de 1.000 mètres, l'autre en ligne droite de 1.300 mètres avec des portions de montée et de descente, qui surplombe le site et longe le bois attenant, sont les pièces maîtresses du dispositif. "On a tout de suite fait ce que nous voulions avec les pistes, car c’était le plus important à nos yeux, avance Arnaud Chavatte. Ce sont les pistes qui te font gagner des courses. À elles seules, elles justifiaient notre installation en Mayenne. Les deux sont excellentes, en sable de Chaffenay qui tolère bien l’eau. C’est surtout le tracé de la ligne droite qui est important. On a réussi à suivre les variations du sol naturel, si bien qu'elle monte et descend un peu, ce qui est parfait pour les chevaux. On aurait imaginé ce profil de terrain, on n’aurait pas trouvé mieux !"

Dans la répartition des tâches, l'entretien des pistes revient au père. "Il faut compter deux heures par jour et plus l’été quand il faut arroser. Quand tu travailles sur un mauvais sol, tu casses tout et tu fais de tes chevaux de mauvais chevaux", insiste Arnaud.

Jabalpur Jabalpur avant de partir en piste jeudi matin - © P. Lefaucheux/PC

Une écurie en évolution

Tout au long des premières années d'installation aux Courlées, l'entraînement et l'élevage ont côtoyé. C'est encore vrai aujourd'hui mais plus pour très longtemps. La très grande majorité de la partie élevage, avec sa vingtaine de poulinières, va prochainement migrer à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau sur une quarantaine d'hectares en location. La raison ? Le succès de l'écurie de courses. "On a besoin de libérer un peu de place au niveau de l’entraînement, explique Arnaud Chavatte. L’idée est de garder un minimum d’élevage sur la partie entraînement." En parallèle, une structure propre aux poulains - une bonne trentaine de "N" est actuellement au travail et une sélection a déjà été opérée - s'est développée à la place justement des boxes réservés jusque-là aux poulinières. "C'est une évolution indispensable, poursuit le fils de la famille. Avant, on se gardait les mercredis et samedis pour travailler les poulains. Aujourd’hui, l’effectif de chevaux de courses ne permet plus de consacrer deux jours aux seuls poulains. Tu ne peux pas travailler de la même manière quand tu as vingt chevaux à courir ou quand tu en as soixante-cinq. Tu es obligé de faire évoluer ton organisation, sinon cela ne marche pas."

"Aujourd’hui, l’effectif de chevaux de courses ne permet plus de consacrer deux jours aux seuls poulains. Tu ne peux pas travailler de la même manière quand tu as vingt chevaux à courir ou quand tu en as soixante-cinq. Tu es obligé de faire évoluer ton organisation, sinon cela ne marche pas". (Arnaud Chavatte)


Thomas Constans et Nicolas Hémonet ont la responsabilité de cette structure dédiée aux poulains. Plus globalement, les Chavatte père et fils ne cessent de répéter que la réussite de leur écurie est aussi celle de leur équipe : "Il faut bien s’entourer. Les résultats sont les fruits du travail d’une très bonne équipe de dix éléments. Sans bon personnel avec cet effectif, tu ne travailles pas bien. Quand on n'est pas là, il faut que cela suive. Le matin, tu ne peux pas non plus te couper en dix. Quand tu as fait sept lots, tu as déjà bien travaillé".

Jabalpur : une opportunité à saisir

La saison 2024 a symbolisé au mieux la montée en puissance de l'écurie avec un record de victoires (88) et de gains (1,8 million d'euros), sans pour autant renier une recherche assumée de viser le plus juste possible, comme en témoigne le taux de réussite à la gagne remarquable de 24 %. Elle trouve son prolongement en ces premières semaines de 2025 avec la participation de Jabalpur (Booster Winner) au Prix de Sélection-Prix Face Time Bourbon (Groupe I) lors de la réunion de clôture du meeting d'hiver, samedi, alors que le cheval de l'écurie italienne Tramontom Srl a réalisé jusque-là un sans-faute : 4 courses, 4 victoires.


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Après leur dernier gros travail en début de semaine, Jabalpur et Lizzano d'Alouette (Un Amour D'haufor), au départ lui samedi du Prix Franck Anne (Groupe III), s'exercent ensemble ce jeudi matin. "Il a magnifiquement travaillé lundi matin, comme quand il est au top, sur la ligne droite avec plusieurs intervalles. Il a gardé le même état de fraîcheur, note avec satisfaction Arnaud Chavatte. Même s'il y avait une interrogation, on s'était tenus prêts car on sait que le "Sélection" peut se creuser et on avait la course B de la veille aussi comme possibilité. Ce n'est pas du tout un engagement de "raccroc", le cheval a suivi une préparation en conséquence." Les ambitions sont élevées, d'autant plus qu'il va débuter sa première saison de monte au Haras de l'Audoirie. N'est-ce pas dès lors le meilleur moment pour l'écurie mayennaise pour ouvrir son compteur de victoire dans les Groupes I ? "On est depuis dix ans en Mayenne, répond-il. Quand on s'est installés, on avait fait en sorte d'avoir l'outil de travail pour entraîner de très bons chevaux si l'on en avait un jour. Le plan c'était ça. Dans les chevaux à la fleur de l'âge comme Jabalpur, c'est le meilleur que nous ayons eu et c'est la première fois que l'on aborde un Groupe I avec une vraie bonne chance."

"C'est la première fois que l'on aborde un Groupe 1 avec une vraie bonne chance". (Arnaud Chavatte)

Depuis que le cheval élevé par Alain et Pierre Groult et acheté yearling à Deauville sur le ring d'Arqana Trot pour 18.000 € par le courtier Gaetano Pezone pour le compte de cette écurie dont le nom évoque le coucher du soleil a rejoint l'effectif des Chavatte père et fils, c'est-à-dire au printemps 2024, ceux-ci savent détenir un cheval d'exception. "Après avoir travaillé son mental pour lui redonner l'envie, il a passé un cap cet hiver, estime Arnaud Chavatte. Il a dominé ses quatre courses. On a senti à chaque fois qu’il n’y avait pas grand-monde pour l’embêter, ce qui veut dire qu’il peut monter de catégorie. Or monter de catégorie ça correspond à ce Prix de Sélection." Une épreuve particulière pour laquelle il semble taillé. "Il est pétri de vitesse et est très doué pour démarrer, ce qui est un énorme plus. C’est le vrai cheval pour faire cela. Il est devenu très complet mais, à la base, c’était un vrai cheval de 2.100 mètres. Pour gagner, à la lecture des dernières éditions, il faudra trotter entre 1'10'' et 1'10''3. Il en est capable."


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