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L'asthme équin : définition, diagnostic et prise en charge | LETROT
SANTÉ DU TROTTEUR

L'asthme équin : définition, diagnostic et prise en charge

19/12/2025 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
L’asthme est une pathologie de plus en plus rencontrée chez l’Homme, mais aussi chez le cheval. L’exposition permanente aux poussières et aux autres particules allergisantes fait du cheval un animal particulièrement sensible à cette maladie. Selon une étude, 80% des chevaux de course présentent, durant leur première année d’entraînement, une inflammation des voies respiratoires basses, associée à une diminution de la vitesse en course. par Hannah CERIEYS, DMV Résidente en médecine interne équine au Centre Hospitalier Vétérinaire équin de Livet 1497 route de Castillon 14140 Livarot Pays d’Auge
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La seconde étape essentielle du diagnostic est l’analyse cytologique du liquide de lavage bronchoalvéolaire. Elle consiste à injecter du sérum physiologique stérile au fond des poumons via une sonde spécifique, puis à le récupérer. Le liquide obtenu contient le surfactant pulmonaire (photo 3), essentiel aux échanges gazeux et les cellules présente au fond des poumons.
L’examen cytologique permet d’identifier et de quantifier les différents types cellulaires (photo 4). Dans un poumon sain, on retrouve une certaine proportion de chaque type de cellules de l’immunité. Chez un cheval atteint d’asthme, les proportions de chaque type cellulaire sont plus ou moins modifiés. Une cytologie anormale est associée à la contre-performance et à l’intolérance à l’effort, et l’analyse cytologique du LBA, confrontée au tableau clinique, permet de déterminer la sévérité de l’asthme et d’adapter le traitement ainsi que la gestion environnementale.
Il est également possible d’observer des éléments végétaux, des bactéries (photo 5) ou des champignons (photo 6), qui peuvent influencer le diagnostic. Aussi il est important d’exclure un processus infectieux. La visualisation de nombreuses bactéries intracellulaires associées à une forte modification du taux d’un type de cellule de l’immunité dans le LBA peut orienter le diagnostic, mais le lavage trachéal reste la référence pour confirmer une infection. Il peut donc être réalisé en cas de suspicion d’infection (anamnèse et signes cliniques observés en cas de fièvre par exemple), ou de manière arbitraire afin de directement obtenir une vue globale de l’environnement microscopique des voies respiratoires basses. Une prise de sang ne permet pas de diagnostiquer l’asthme, mais peut aider à suspecter une surinfection.

Traitements médicamenteux et gestion de l’environnement : l’union fait la force


Le traitement de l’asthme repose sur une prise en charge médicale visant à réduire l’inflammation pulmonaire, associée à une gestion rigoureuse de l’environnement. Des études ont montré que, même avec un traitement médical rigoureux, des analyses de LBA peuvent rester inchangées si l’environnement demeure poussiéreux.
Après exclusion d’un processus infectieux, les corticoïdes constituent le traitement de fond. Ils peuvent être administrés par voie systémique ou par inhalation.
Les corticoïdes inhalés et systémiques améliorent tous deux la fonction pulmonaire chez les chevaux atteints d’asthme. Les médicaments systémiques couramment utilisés pour traiter l’inflammation des voies respiratoires chez les chevaux incluent la dexaméthasone par voie injectable et la prednisolone par voie orale. Ces traitements ont l’avantage d’améliorer rapidement et efficacement les signes cliniques et la fonction pulmonaire. Bien que relativement limités, les risques d’effets indésirables sont plus élevés qu’avec les corticostéroïdes inhalés qui peuvent leur être substitués pour cette raison. La béclometasone et la fluticasone inhalés sont disponibles par inhalateur-doseur (photo 7, et 8) et le budésonide en solution via des nébuliseurs électriques (photo 9).
L'asthme équin : définition,  diagnostic et prise en charge
Des traitements bronchodilatateurs (clenbutérol, Ventipulmin®) sont classiquement utilisés chez l’homme lors de crise d’asthme. Chez le cheval, il présente un bon effet lors d’asthme sévère avec une amélioration de l’élimination du mucus, mais son effet sur des stades plus légers est plus discuté.
Des études récentes portant sur la supplémentation d’huile végétale riche en oméga 3 de l’alimentation montre un certain effet positif. Les traitements dits « mucoactifs », tels que l’acétylcystéine, la bromhexine, le chlorure d’ammonium et les perfusions d’iodure de potassium ou les hyperperfusions, sont utilisés en pratique depuis longtemps, bien qu’il existe très peu de preuves de leur efficacité. D’autres thérapies comme des stabilisateurs de mastocytes, interféron alpha et nanoparticules inhalées sont encore au stade d’étude chez les chevaux.
Les différents traitements médicaux doivent être effectués conjointement avec des mesures visant à réduire l’exposition à la poussière environnementale, afin de ne pas augmenter l’exposition des voies respiratoires inférieures aux particules.
En effet, de solides preuves indiquent que la réduction de l’exposition à la poussière en suspension améliore les signes cliniques d’asthme, tels que la toux et la contre-performance. Deux méthodes principales permettent de réduire l’exposition des voies respiratoires du cheval aux particules respirables. La première consiste à utiliser des fourrages et des litières « pauvres en poussière » produisant moins de particules aérosolisées que le foin et la paille. La seconde consiste à augmenter l’élimination des particules en suspension et d’autres irritants en améliorant la ventilation de l’écurie. Ainsi, remplacer l’alimentation au foin et la litière en paille par des copeaux de bois et une ration granulée complète ou de l’ensilage de foin diminue la charge de poussière respirable par un facteur de 2 à 3 et réduit l’exposition aux aéroallergènes. L’immersion du foin dans l’eau réduit également l’exposition à la poussière respirable d’environ 60 %. Des dispositifs de purification du foin par la vapeur existent et peuvent être facilement utilisés en écurie (photo 11).
La ventilation mécanique dans les écuries peut aider à diminuer les particules ultrafines et les micro-organismes (bactéries, champignons), ainsi qu’à réduire le score de mucus trachéal, mais son effet sur les particules respirables et la cytologie des voies respiratoires reste discutable. Comme mentionné ci-dessus, le contrôle de l’exposition à la poussière commence par la limitation de la production de poussière provenant de l’alimentation. La majorité de l’exposition à la poussière se produit dans la zone respiratoire du cheval pendant l’alimentation. Par exemple, nourrir au moyen d’un filet à foin entraîne une exposition plus de quatre fois supérieure aux particules respirables dans la zone respiratoire comparé au même foin donné au sol, indépendamment du niveau de poussière ambiant dans l’écurie.
La ventilation mécanique dans les écuries peut aider à diminuer les particules ultrafines et les micro-organismes

Les activités dans l’écurie et la ventilation influencent l’exposition aux poussières, avec des pics observés le matin ou à midi, en particulier lors de l’alimentation et du nettoyage des boxes. L’ouverture des portes de l’écurie et une conception plus ouverte du bâtiment, quelle que soit la saison, améliorent la ventilation et diminuent l’exposition à la poussière.
En outre, les différents types d’aliments et de litières peuvent contenir des concentrations variables d’endotoxines, qui peuvent contribuer directement à l’inflammation des voies respiratoires.

Conclusion

L’asthme équin est une maladie fréquente chez les chevaux de course et peut avoir un impact significatif sur les performances. Souvent discret, il peut être difficile à diagnostiquer et à traiter. Si les traitements médicaux permettent une amélioration notable des signes cliniques, ils doivent impérativement être associés à une gestion rigoureuse de l’environnement afin d’optimiser la prise en charge globale.

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